Le Président du Conseil de Transition, également chef de la dégation haïtienne à la 79ème Assemblée Générale des Nations Unies , à New York, aux États-Unis, a pris la parole le jeudi 26 Septembre 2024, au nom d’Haïti.La restitution de la dette de l’Indépendance, les allégations de Donald Trump, la transformation de la Mission Multinationale en une mission onusienne d’opérations de paix, le rétablissement de la sécurité, sont, entre autres, les termes de son intervention sur la tribune.
LE FACTEUR HAÏTI, le 26 Septembre 2024._Après avoir reçu l’autorisation du Département d’État américain de s’envoler pour les États-Unis à condition que sa sécurité soit garantie, le Président du Conseil de Transition a prononcé jeudi, son discours au nom d’Haïti sur la tribune des Nations Unies.
D’entrée, Edgard Leblanc Fils a défendu les causes des migrants haïtiens vivant à l’étranger, plus précisément ceux résidant à Springfield, dans l’Ohio, victimes de racisme du candidat républicain, Donald Trump.
Le Président du Conseil de Transition qui s’en est pris ouvertement à Trump, lui rappelle que les passions qui émergent naturellement lors d’une campagne électorale ne devraient en aucun cas servir de prétexte à la xénophobie ou au racisme dans un pays tel que les États-Unis, une nation forgée par des immigrants de toutes origines et qui s’est érigée en modèle de démocratie à l’échelle mondiale.
La tenue de la 79ème Assemblée Générale des Nations Unies a été également l’occasion pour le Président du CPT de faire le point sur la situation politique du pays. Sur ce, il dit s’engager à conduire la Transition et déterminé à mener Haïti vers la paix, la sécurité et la démocratie participative par la tenue de la Conférence nationale et le renouvellement du personnel politique à travers des élections libres, crédibles, transparentes.
Le chef de la délégation d’Haïti à New York, à l’ONU, dit reconnaitre qu’Haïti fait face à des défis d’une ampleur sans précédent, à savoir, une violence dévastatrice, une instabilité politique persistante, une précarité quasi générale et une pauvreté dégradante, entre autres. Pour s’en sortir, M. Leblanc invite les Haïtiens à se mettre ensemble avec le soutien de la communauté internationale, à s’unir malgré les différences profondes pour pouvoir se relever et se mettre en marche, en toute confiance, vers la sortie de la crise multidimensionnelle qui l’afflige depuis déjà trop longtemps.
Sur le plan sécuritaire, sans langue de Bois, il a rappelé qu’ Haïti fait face à une crise sécuritaire d’une gravité sans précédent. La montée en puissance des gangs armés, la violence généralisée et l’instabilité politique, poursuit-il, ont plongé la nation dans un état de vulnérabilité extrême.Une situation qui pousse les Haïtiens à vivre dans la peur car, ils sont incapables de circuler librement partout sur le territoire national, d’aller travailler ou d’envoyer leurs enfants à l’école, sans risque, notamment dans la région métropolitaine de Port-au-Prince. Cette situation, dit-il, affecte tous les aspects de la société haïtienne, fragilise les institutions, paralyse l’économie, mine l’espoir d’un lendemain meilleur.
« L’avenir du pays est menacé car, 50% de l’effectif des gangs de la région de la capitale sont constitués d’enfants et d’adolescents filles et garçons. Ils servent souvent de chair à canon lors des opérations contre les forces de l’ordre. Ils sont l’objet de graves violences de toutes sortes y compris des violences sexuelles. Ces abus et violences exercés contre des enfants et des adolescents doivent être considérés comme un crime contre l’humanité », a dénoncé M. Leblanc, tout en appellant au rétablissement de la sécurité nationale.
En qui concerne la mission Multinationale, le Président du CPT a insisté sur le fait qu’Haïti a déjà accueilli plusieurs missions des Nations Unies au cours des trois dernières décennies, notamment la MINUSTAH. Selon lui, certaines de ces missions ont contribué à stabiliser temporairement le pays, mais elles ont également laissé un héritage lourd de conséquences. Toujours est-il, des allégations de violations graves des droits humains, y compris des abus sexuels, ont ébranlé la confiance du peuple haïtien, regrette M. Leblanc, dénonçant le fait que l’absence de poursuites et de réparations pour les victimes a renforcé un certain sentiment d’impunité, minant ainsi les efforts de reconstruction.
En vue de redorer le blason des missions internationales en Haïti, Edgard Leblanc Fils dit souhaiter voir amorcer une réflexion sur la transformation de la Mission de Soutien à la Sécurité (MSS) en une Mission d’Opération de Maintien
de la Paix (OMP) sous mandat de l’Organisation des Nations Unies.
Cette transformation dit-il, permettrait non seulement de sécuriser un financement plus stable et d’élargir les capacités de la mission, mais également de renforcer l’engagement des États membres en faveur de la sécurité en Haïti.Il dit être convaincu que ce changement de statut, tout en s’assurant que les erreurs du passé ne se répètent pas, garantira le plein succès de la Mission en Haïti.
En fin de compte, le Président du Conseil de Transition a dénoncé le paiement de la dette de l’Indépendance à la France et en appelle à sa restitution. Le Comité National de Restitution et Réparation, en collaboration avec la Commission des Réparations de la CARICOM, a déjà entrepris des travaux exhaustifs sur ce sujet, a conclu le natif de Miragoâne.
LE FACTEUR HAÏTI (LFH)
