Deux semaines après la démission d’Ariel Henry de son poste de Premier Ministre, les structures politiques du pays n’arrivent toujours pas à s’entendre autour de la meilleure formule de gouvernance et de celui qui devrait présider le Conseil Présidentiel. La structure de 7 membres proposée par la Caricom ne semble pas prête de s’installer en raison des défections liées à des grincements de dents.
LE FACTEUR HAÏTI, le 25 mars 2024_ Depuis le 11 mars dernier, sous l’effet conjugué de la pression populaire et la prise de contrôle de la capitale et particulièrement de l’Aéroport Toussaint Louverture par les gangs armés, le premier ministre de facto Ariel Henry était contraint d’abandonner son projet d’organiser les elections l’année prochaine. À preuve, il a dû annoncer sa démission.
Incapable d’entrer au pays, humilié par les autorités dominicaines et des Iles Turcs et Caicos, le Premier Ministre de facto jugé incapable d’apporter les solutions au problème du pays par les partis de l’opposition, a malgré lui, tiré sa révérence et laisser le champ libre à une autre transition.
Néanmoins, force est de constater que les mêmes partis politiques qui reclamaient son départ n’avaient pas de plan réel pour son remplacement. Suite aux propositions contradictoires des differentes structures politiques, la Caricom( Communauté de la Caraïbe), organisme d’intégration régionale regroupant 15 pays de la Caraïbes dont Haïti , a proposé une formule de gouvernance suite aux désaccords entre les partis politiques haïtiens.
Aussi inconstitutionnelle soit-elle, la création d’un conseil présidentiel de 9 membres dont deux membres observateurs a été acceptée par la majorité des structures politiques du pays remplies de nationalistes prêts à jurer de respecter les voeux de la constitution et de sortir le pays de ce marasme. C’est le cas par exemple du parti Pitit Dessalines qui avait au départ rejeté la proposition et qui a retourné sa veste en joignant le Conseil Présidentiel.
Au milieu de ce tohu-bohu politique, le pays ne cesse de s’enfoncer dans une grave crise humanitaire et sécuritaire . le Directeur Général de la PNH, haut dignitaire du CSPN (Conseil Supérieur de la police Nationale) en est un témoin privilégié puisque sa résidence a été pillée et incendiée par les gangs armés. Les habitants de plusieurs zones ont dû s’enfuir pour échapper à la terreur instaurée par les gangs.
Ajouter à cela, des cadavres jonchent les rues de la Capitale haïtienne, alorsque les institutions étatiques sont pour la plupart dysfonctionnelles. Bref, Port-au-Prince s’est muée en veritable enfer au cours des deux dernières semaines.
Pourtant, au milieu de la la catastrophe, les membres des structures politiques chargées de créer le conseil présidentiel pour « apporter la paix » dans le pays se disputent encore sur la présidence dudit conseil et sur le droit de vote. L’urgence de la situation ne semble pas les perturber dans leurs querelles pour le pouvoir alorsque le pays n’a pas de gouvernement établi et est presque coupé du monde . La population croupissant sous les balles et la misère abjecte semblent le cadet des soucis de ces neufs fils du pays , nationalistes de surcroit.
Le Conseil Présidentiel devient peu à peu le conseil de la discorde en raison des divergences d’intérêts des structures politiques engagées dans cette démarche.
Si l’excès en tout nuit, Haïti est-elle en train de mourir de trop d’amour de ses fils du Conseil Présidentiel et de ses amis?
LE FACTEUR HAÏTI (LFH)