Dans les rues animées d’Haïti, un phénomène bouleversant prend forme : l’exode des cerveaux. Entre la délicatesse de la plume et la rigueur du marteau, se tisse un rythme vibrant qui secoue les « poto mitan » d’Haïti.La conjoncture politique en Haïti a atteint un niveau de complexité qui a des répercussions significatives sur la société haïtienne. Face à cette réalité, l’exode des cerveaux s’est intensifié ces dernières années, avec de nombreux Haïtiens compétents choisissant de quitter leur pays pour chercher de meilleures opportunités à l’étranger. Cette situation préoccupante est davantage amplifiée par des programmes tels que le programme Humanitarian Parole de l’Administration Biden.Il est important de noter que l’exode des cerveaux en Haïti existait déjà avant l’instauration du programme Humanitarian Parole.
LE FACTEUR HAÏTI, le 17 Mars 2024._De nombreux Haïtiens compétents avaient déjà quitté le pays pour s’installer à l’étranger, notamment aux États-Unis, au Chili, au Brésil, en France, au Mexique et surtout au Canada grâce à son programme d’immigration familiale. Ces destinations avaient déjà attiré de nombreux talents haïtiens qualifiés bien avant l’instauration du programme Humanitarian des États-Unis.
Les résultats d’une enquête menée par l’organisation: « Fixing the Harmful Immigration » de @FWDus révèlent que le programme Humanitaire de Biden présente un avantage indéniable pour les États-Unis. En effet, selon ces chiffres alarmants, 54 % des immigrants entrant aux États-Unis parlent déjà l’anglais, 96 % ont au moins un diplôme d’études secondaires et 63 % ont déjà suivi des études universitaires. Ces statistiques mettent en évidence la qualification et le potentiel de ces migrants, suscitant ainsi des inquiétudes quant aux conséquences de cet exode des cerveaux pour Haïti.
D’autre part, les statistiques gouvernementales d’Haïti fournissent également des informations pertinentes sur l’exode des cerveaux et les migrations de personnes qualifiées. Selon le rapport du Ministère des Affaires Étrangères et des Cultes d’Haïti, entre 2010 et 2019, environ 80 % des étudiants haïtiens ayant obtenu un diplôme universitaire à l’étranger ne sont pas revenus dans leur pays. Cette tendance souligne la perte de compétences et de ressources humaines qualifiées pour Haïti.
En outre, il convient de mentionner les rapports internationaux émanant de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). Ces études approfondies sur l’exode des cerveaux et les migrations mettent en évidence les tendances, les causes et les conséquences de ce phénomène en Haïti, ainsi que dans d’autres pays en développement. Par exemple, le rapport de l’OIM intitulé « Migration et développement : le cas d’Haïti » souligne que l’exode des cerveaux constitue un défi majeur pour le développement du pays, car il prive Haïti de talents et de compétences nécessaires à sa croissance économique.
Ces statistiques gouvernementales et les rapports internationaux fournissent des preuves concrètes de l’exode des cerveaux en Haïti et de ses conséquences.
LE DILEMME HAÏTIEN : La conjoncture politique haïtienne est marquée par des troubles, des crises de gouvernance, des tensions politiques et une instabilité persistante. L’Haïtien se trouve coincé entre la volonté de réussir et des contraintes toujours plus grandes qui hantent son quotidien. Bref, entre l’enclume et le marteau, ou plutôt, dans ce cas-ci, entre la plume et le marteau.
D’un côté, la plume symbolise la créativité, le potentiel et la volonté des Haïtiens compétents d’innover et de contribuer au développement de leur pays, en surmontant les obstacles et en trouvant des solutions novatrices. D’un autre côté, le marteau représente les contraintes politiques et économiques qui limitent leur capacité à réaliser pleinement leur potentiel. Il incarne les obstacles systémiques, la corruption, les inégalités et l’instabilité, qui entravent leur progression, rendent difficile la recherche d’un emploi stable, l’accès à l’éducation et la formation, ainsi que l’entrepreneuriat.
Face à ce dilemme, les Haïtiens compétents se trouvent pris entre la plume et le marteau. Ils aspirent à utiliser leur créativité, leurs compétences et leur potentiel pour façonner un meilleur avenir, mais sont constamment confrontés aux contraintes politiques et économiques qui restreignent leurs possibilités. Toutefois, la réalité est implacable : L’exode des cerveaux a des répercussions profondes sur Haïti. En effet, le pays perd des compétences précieuses et les ressources intellectuelles nécessaires à son développement. Cette fuite des cerveaux entrave la croissance économique, la recherche scientifique, l’innovation et la création d’emplois locaux.
DES PISTES DE SOLUTIONS
Afin de freiner l’exode des cerveaux, Haïti doit s’engager dans des réformes politiques et économiques audacieuses. Il est essentiel de renforcer les institutions gouvernementales, de lutter contre la corruption et de promouvoir la transparence pour améliorer la gouvernance du pays. Haïti devrait également accorder une attention particulière à l’éducation en investissant dans les infrastructures scolaires, en améliorant la qualité de l’enseignement et en offrant des opportunités éducatives équitables à tous les Haïtiens.
De plus, encourager l’entrepreneuriat local peut créer des emplois et des opportunités économiques sur place. Des incitations fiscales, des programmes de financement et un soutien aux jeunes entrepreneurs peuvent favoriser la création d’emplois et retenir les talents dans le pays.
Haïti devrait pareillement chercher à établir des liens solides avec sa diaspora haïtienne à l’étranger, en incitant les investissements, le transfert de connaissances et la collaboration dans des projets de développement. En investissant dans la recherche scientifique et technologique, Haïti peut stimuler l’innovation et attirer les talents locaux. Des collaborations avec des institutions de recherche internationales et des programmes de bourses d’études peuvent soutenir le développement de compétences spécialisées et l’émergence d’une économie basée sur la connaissance.
En abordant ces questions et en prenant des mesures concrètes, Haïti peut espérer freiner l’exode des cerveaux et créer un environnement propice au développement de ses ressources humaines. Cela permettra de préserver les talents et de construire un avenir plus prometteur pour le pays.
Un texte de Jean-Pierre Styve
LE FACTEUR HAÏTI (LFH)