Accueil POLITIQUE

Haïti : « Je suis prêt à poursuivre ce combat et à contester toute action illégale », dixit Garry Conille après sa révocation

Le Premier Ministre Garry Conille a réagi à la résolution prise par le Conseil Présidentiel de Transition qui l’a évincé de son poste de Premier Ministre de la transition. Dans une déclaration à la Nation faite dimanche, il a dénoncé cette décision qui, selon lui, constitue un abus de pouvoir et une forfaiture et porte atteinte aux principes fondamentaux de la démocratie. En revanche, il se dit prêt à poursuivre le combat pour la stabilité du pays et à contester toute action illégale motivée par des intérêts politiques étroits.

LE FACTEUR HAÏTI, le 10 Novembre 2024._La décison du Conseil Présidentiel de Transition de révoquer Garry Conille de son poste de Premier Ministre et de le remplacer officiellement par Alix Didier Fils Aimé ne laisse pas sans réaction le concerné. En réponse, Garry Conille s’est adressé dimanche soir à la Nation et en a profité pour analyser la résolution adoptée le jeudi 7 Novembre 2024, par 8 des 9 Conseillers-Présidents.

D’entrée, il a laissé entendre que cette résolution, prise en dehors de tout cadre légal et constitutionnel, soulève de sérieuses préoccupations sur sa légitimité et ses répercussions sur l’avenir de notre pays.

Conille tient à souligner à l’attention des signataires de la résolution que cette décision contrevient directement à la fois à la Constitution et aux textes qui régissent la période de transition, arguant que l’article 158 de la Constitution stipule que : « le Premier Ministre est responsable devant le Parlement, et que seule une démission ou une motion de censure du Parlement peut entraîner la fin de ses fonctions. »

Le Premier Ministre Garry Conille dément les rumeurs selon lesquelles des mercenaires sont présents en Haïti | © New York Times

De ce fait, en aucun cas, le Conseil Présidentiel, même dans le cadre de ses fonctions transitoires, ne peut se substituer au Parlement ni exercer un pouvoir qui ne lui a pas été attribué , a-t-il déclaré.

Pour soutenir et renforcer sa déclaration, l’ancien Premier Ministre dit reconnaitre que le Conseil Présidentiel a la prérogative de nommer le Premier Ministre. Cependant, aucun texte légal, rappelle t-il, ne lui confère le pouvoir de le renvoyer.

« En cas de déficit de gouvernance documenté et présenté par l’organe de Contrôle de l’Action Gouvernementale (OCAG), le Conseil Présidentiel de Transition met fin aux fonctions du Premier Ministre par la présentation de sa démission », a écrit Garry Conille en se reférant à l’article 37 du décret qui régit l’organisation et le fonctionnement du Conseil Présidentiel de Transition.

Les membres du CPT posent pour une photo lors de la cérémonie du Conseil de transition d’Haïti, dans la banlieue de Port-au-Prince, en Haïti le 25 avril 2024. © Ralph Tedy Erol / Reuters

À son avis, la décision du CPT, prise en dehors du cadre légal, constitue un abus de pouvoir et une forfaiture qui porte atteinte aux principes fondamentaux de la démocratie. Ainsi, Garry Conille dit rester convaincu que le seul chemin pour sortir de la crise actuelle est le respect de l’Accord du 3 avril 2024, qui a permis l’établissement de ce gouvernement de transition, et qui repose sur les principes de dialogue, de concertation et de responsabilité partagée.

Dans le cas contraire, toute tentative de déstabilisation institutionnelle à ce moment précis n’est rien d’autre qu’une manœuvre qui affaiblit encore davantage notre pays et compromet gravement nos chances de surmonter cette crise, soutient-il.

Garry Conille, ex-Premier Ministre haïtien| © Primature

Garry Conille qui a dit choisir de ne pas répondre à cette situation par la division, a déclaré être prêt à poursuivre ce combat pour la stabilité de notre pays, à défendre la légalité et à contester toute action illégale motivée par des intérêts politiques étroits qui ne font qu’ajouter à la souffrance de notre peuple.

Pour finir, quoique éjecté, Garry Conille s’est montré déterminé à continuer à travailler de manière constructive en faveur de la paix et de la stabilité du pays et à soutenir tous les efforts visant à restaurer la paix et à assurer une gouvernance démocratique, transparente et inclusive.

LE FACTEUR HAÏTI (LFH)