Accueil CRIMINALITÉ

Sanctions : Les Nations Unies lèvent le voile sur les bras financiers des gangs haïtiens

1067
L'ancien Sénateur Youri Latortue participait à une manifestation contre l'ajustement du prix du carburant

Outre l’ancien Président Michel Joseph Martelly, le Groupe d’Experts sur Haïti a blacklisté d’autres bras financiers des gangs haïtiens à travers un rapport de 158 pages publié dans la nuit du mercredi 18 Octobre 2023.Les anciens parlementaires de l’Artibonite, Youri Latortue et Prophane Victor, l’homme d’affaires Reynold Deeb et l’ancien Directeur Général des Douanes Bell Romel sont les autres fournisseurs d’argent, d’armes et de munitions aux gangs que l’ONU a dénichés en Haïti.

LE FACTEUR HAÏTI, le 19 Octobre 2023._L’étau se resserre au cou de plusieurs personnalités politiques et économiques en ce qui concerne le financement de gangs en Haïti. C’est ce qu’a informé le mercredi 18 Octobre, l’ONU à travers un rapport de 158 pages préparé par le Groupe d’Experts sur Haïti.

En tête de liste figure le nom du riche homme d’affaires Reynold Deed. Selon le rapport, le Groupe d’Experts dit avoir des preuves selon lesquelles ce dernier finance des membres de gangs pour protéger son entreprise et assurer le transport des marchandises qu’il importe. Pour soutenir leurs révélations, les Experts ont persisté et signé qu’en 2017, Reynold Deeb a payé un chef de gang afin de pouvoir mener ses activités dans l’un des principaux ports d’Haïti.

Toujours selon le rapport des Nations Unies, récemment, l’importateur a utilisé des membres de gangs pour faire pression sur certains douaniers du port afin que ses containers ne soient ni inspectés ni interceptés. Une pratique qui lui a permis d’éviter certains droits d’importations. Fort de tout cela, le rapport a précisé que le riche entrepreneur paie le gang « G9 » pour que ses marchandises passent par leur territoire, en raison du fait que les axes routiers menant à l’Autorité Portuaire Nationale étaient bloqués.

Reynold Deeb | © Google

En plus des activités des gangs, Reynold Deed, selon le rapport d’Experts, a aussi financé, entre Septembre et Décembre 2019, le mouvement « peyi lòk ». Il a aussi soutenu les activités de l’opposition politique qui demande à la population de garder sa maison et presser le Président Jovenel Moïse à démissionner.

Deeb a profité de la forte demande des produits alimentaires pour soudoyer des Députés qui ont, ensuite, payé des chefs de gangs pour qu’ils dispersent les manifestants pour débloquer les rues afin de faciliter l’entrée de ses marchandises en Haïti.

L’ancien Député de Petite-Rivière de l’Artibonite ( 2016-2020), Prophane Victor est aussi listé par le Groupe d’Experts sur Haïti. Selon l’ONU, pour assurer son élection en 2016 et son contrôle sur la région, l’ancien Parlementaire a commencé à armer les jeunes de la Commune qui ont, ensuite, formé le gang « Gran grif ».

Prophane Victor | © Google

« À partir de cela, l’ancien élu du parti politique Bouclier a continué à soutenir le gang « Gran grif » jusqu’à 2020, date à laquelle les membres de cette organisation criminelle et lui se sont brouillés à la suite de promesses non tenues faites pendant la période électorale. Depuis, Prophane Victor soutient des gangs rivaux et des groupes d’autodéfenses de la région », ont fait savoir les experts de l’ONU.

À en croire le rapport de l’ONU, Prophane Victor n’est pas le seul fournisseur de gangs dans l’Artibonite. L’ancien Sénateur Youri Latortue en est l’autre, ont écrit les experts.

Youri Latortue | © Google

Lorsqu’il présidait le Sénat haïtien (2016-2017), il a exercé un contrôle considérable sur la vie politique et économique du Département de l’Artibonite, notamment par le recours aux gangs, comme à Raboteau qu’il finance et arme. Hormis celui de Raboteau, l’homme fort de l’Artibonite avait aussi financé le gang « Kokorat san ras » pour assurer sa protection rapprochée et détruire des biens, ont poursuivi les Experts.

L’ancien Directeur Général des Douanes, Romel Bell est le dernier patron des gangs que l’ONU a éclaboussé dans son rapport. Durant son passage, soit de 2018 à 2022, il a commis et encouragé la fraude fiscale et d’autres infractions financières dont des transactions bancaires suspectes, lit-on dans le rapport.

Romel Bell | © AGD

De plus, Romel Bell, selon les Nations Unies, a toléré un système corrompu qui a compromis le processus de contrôle douanier. Des maneuvres de corruption qui ont des impacts non seulement sur les recettes douanières, mais aussi sur la capacité des douanes d’empêcher le trafic de marchandises illicites y compris d’armes et de stupéfiants.

Aussi faut-il précisé que le mandat du Comité de sanctions a été prolongé ce jeudi d’un an. Et selon, la représente du BINUH en Haïti, Maria Isabelle Salvador, la liste de noms des autres personnalités blacklistées sera publié au mois de Novembre 2023.

LE FACTEUR HAÏTI (LFH)